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Heureux ceux qui ont vu

Heureux ceux qui ont vu

Publié le dans Comprendre

Voici un tropaire pour le temps pascal.


Les versets


Observons d’abord les versets. Il est évident qu’il ne s’agit pas de les chanter tous à la file, mais
de choisir celui qui convient selon l’évangile du jour.
Verset 1 : Marie-Madeleine court au tombeau. Verset 2 : les pèlerins d’Emmaüs. Verset 3 : Jésus
se rend présent au milieu des disciples craintifs. Verset 4 : l’apparition sur les bords du lac.
Se pose alors une question : d’habitude, la forme tropaire est plutôt réservée pour le chant d’entrée.
La stance donne la tonalité du jour, le refrain permet l’adhésion de l’assemblée, et les versets
ajoutent quelques pistes. Or pour le jour de Pâques et les dimanches suivants, nous ne manquons
pas de répertoire pour entrer en célébration avec des alléluias festifs attendus de tous ; d’autre
part, un verset c’est trop court pour le rite d’entrée. On peut en déduire qu’un meilleur usage serait
d’en faire un chant de réponse à la Parole, juste après l’Evangile, ou après l’homélie.
Pour bien chanter les versets, on se laisse guider par les accents du texte, en prenant le temps de
le dire distinctement. C’est pourquoi l’auteur a pris soin de noter: libre, lentement, plus lent encore.
Il n’y a pas de mesure. Les croches, groupées par 2 ou 3, ont toutes la même durée, sauf dans le
cas des deux triolets. Ce sera plus facile à mettre en place avec un petit groupe ou un soliste,
comme prévu sur la partition. Les accords de l’orgue, très adaptés aussi à une guitare (MIm, LA,
MIm, LA, FA, LAm, REm, SOL) apportent une jolie couleur.


La stance


« Heureux ceux qui croient sans l’avoir vu » nous offre une autre occasion de choisir ce chant, lorsque l’Evangile rapporte l’épisode de Thomas.
Mais le texte est encore plus riche, comme deux béatitudes qui se répondent.
Heureux ceux qui ont vu / Heureux nous de croire sans avoir vu
reconnaître / aimer
le ressuscité / Jésus
les plaies et la victoire / notre Sauveur
un événement passé / une actualité présente
La musique aide à mieux comprendre.
La première béatitude est chantée sur deux phrases identiques pour la mélodie, mais légèrement
différentes pour l’harmonie. L’affirmation est calme sans ostentation.
La deuxième béatitude marque dès le début le contraste introduit par « mais » dans le grave. Une
belle ascension mélodique et une conclusion en do majeur mettent en valeur la solidité de la foi et
le bonheur d’être croyant et aimant.


Le refrain


L’assemblée de croyants s’adresse directement à Jésus qui, vivant, nous accompagne aujourd’hui
et nous attend jusqu’à la rencontre définitive. Belle perspective. Passant d’une mesure à 4 temps à
une mesure à 3 temps, le refrain prend une nouvelle dynamique. Evoluant d’un DO majeur
affirmatif à une cadence en Lam qui facilitera la reprise de la stance, il nous fait sentir que cette
rencontre est en devenir.
La polyphonie
A quatre voix ou à 3 voix mixtes en supprimant le ténor dans la stance et avec les quelques
modifications du refrain, la polyphonie est toujours une chance offerte aux chorales qui en ont les
moyens. Mais rappelons que, même chantée à l’unisson, cette oeuvre donnera toute sa saveur au
temps pascal qui nous invite à croire sans avoir vu le ressuscité.


Isabelle SCHIFFMANN, musicologue, chef de choeur

 

Heureux ceux qui ont vu IX46-99-3