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Le chant de la liturgie

Il y a vingt ans paraissait l'édition du Répertoire de Saint-Séverin

Le 26 janvier 2003, les éditions étaient à l'église Saint-Séverin de Paris (5e) pour fêter la sortie du répertoire rassemblant un certain nombre de chants issus de la communauté paroissiale de Saint-Séverin. A cette occasion, Lucien Lavorel, paroissien très engagé, avait livré ses impressions pour la revue n°34, que nous retranscrivons ici. On notera, sous la plume de Lucien Lavorel, l'évolution typiquement ducheslienne du groupe social réuni à Saint-Séverin ! Ce recueil, depuis longtemps épuisé, a été pour une bonne part regravé : de nombreux chants sont disponibles dans une version plus aérée et fonctionnelle.

Le lancement du Répertoire de Saint-Séverin, le 26 janvier 2003, marquera l'histoire liturgique de cette communauté. Quelques bonnes raisons à cela.

A 15h30, dans les locaux paroissiaux, une assistance nombreuse, attentive, "questionneuse" et et étonnée découvrait les possibilités du CD-ROM qui accompagnera le recueil (Rémy Fombon en a fait une présentation claire, convaincante et ouverte en recueillant toutes les suggestions à même d'enrichir le produit).Une assistance devenue ensuite une assemblée pour chanter dans l'église, pendant plus d'une heure, des pièces du répertoire. Et pour faire, à 18 heures, une assemblée nombreuse, chaleureuse et fervente dont les chants, puissamment soutenus par l'orgue, ont touché à la plénitude dans le superbe espace de l'église Saint-Séverin. Enfin, une assemblée devenue rassemblement fraternel autour d'un apéritif autour duquel Claude Duchesneau et Michel Chapuis se prêtèrent, avec l'amitié qu'on leur connaît, aux demandes de dédicaces.

Une brochette d'organistes talentueux (Michel Alabau, François Espinasse, Christophe Mantoux, Jean-Louis Vieille-Girardet, Nicolas Bucher, Olivier Willemin, André Isoir) ont entouré Michel Chapuis à la prestigieuse tribune de Saint-Séverin. De leur coté, en se succédant au pupitre, les animateurs de chant ont donné l'image d'un groupe fraternel au moment de l'expérimentation du répertoire et à celui de l'Eucharistie. L'Eucharistie, concélébrée avec Mgr de Germigny, évêque de Blois et ancien curé de Saint-Séverin, initiateur de ce répertoire, a rassemblé les anciens curés de Saint-Séverin : les pères Ponsard, Béguerie, Beau et William-Jean de Wandière, actuel curé de la paroisse. Va, puise dans ton héritage, et sans compter, partage-le. Gagne l'épreuve de cet âge, porte partout le nom de Dieu...Peuple de Dieu qui fait merveille, sois la merveille d'aujourd'hui. C'est par ces mots de Patrick de la Tour du Pin - reprises dans le répertoire - que s'acheva l'homélie.   

Une leçon de musique liturgique

Dans sa présentation des pièces chantées, reprises pour certaines à la messe qui suivit, Claude Duchesneau a marié, en bon pédagogue qu'il est, les dimensions personnelle, communautaire, liturgique et musicale. En les agrémentant, à l'occasion, d'anecdotes savoureuses. C'est en entendant jouer les préludes des chorals de Bach (jamais chantés) ou les cantiques huguenots dans de nombreuses versions qu'il a éprouvé le désir de mettre des mots nouveaux sur des airs anciens. Ainsi le choral Erschienen ist der herrlich Tag, harmonisé par Bach est devenu Voici briller le jour du Seigneur p.101 et 102 du recueil), sorte d'anamnèse avec prélude et interludes. Dans le Psaume des Béatitudes (Heureux le peuple, p.121 et ss) il a, précise-t-il, emprunté une basse de Monteverdi - dont la modernité est étonnante - et confié l'harmonisation à Michel Chapuis avec lequel il entretient une vieille complicité musicale et liturgique.

La présentation du grand Hallel (p.165 et ss), chanté à Saint-Séverin le Jeudi saint, lui a donné l'occasion de souligner que son auteur - L. Groslambert - fut de Saint-Séverin avant d'être un voisin de Montbéliard. Celle du chant à la Trinité : Louange au Père tout puissant, choral luthérien harmonisé par Bach, a mieux faît connaître Lucien Aumont, "habitant de l'église", grand bricoleur et responsable pendant de longues années de la messe radiodiffusée sur France Culture. Et à qui Saint-Séverin doit la venue de Michel Chapuis et la restauration de l'orgue.

Le détour par le kyriale lui permit de parler des organistes de talent de la "deuxième fournée" : Michel Bouvard pour un Kyrie, Michel Alabau pour un Gloria ; d'André Isoir, de la "première fournée", pour une Agneau de Dieu, redouté par les animateurs pour sa quinte diminuée. La découverte n'a pas circulé à sens unique. Sa présentation de Pour que l'homme soit un fils à son image (p. 145)  lui a fait connaître un jeune talent : Olivier Willemin. 

Sa présentation s'est faite plus didactique pour son anamnèse (p.43). Désormais l'on sait que qu'en la composant, il se référait à l'épître de Paul aux Philippiens, à Pierre et à Jean, pour rappeler le passé, annoncer le présent et dire l'espérance du retour. 

Au moment de présenter le Sanctus dit "de Saint-Séverin", l'assistance fut invitée à se lever pour le chanter, accompagnée à l'orgue par Michel Chapuis. Moment de bonheur et d'émotion. Même moment intense lors du dialogue avec le Père Ponsard au sujet de la période de restauration de l'orgue (bien présent dans cette présentation). Une heure de magistrale leçon de musique liturgique qui valait bien des applaudissements nourris...

Lucien Lavorel, chantre et paroissien de Saint-Séverin