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Le voici, le pain des anges

Le voici, le pain des anges

Publié le dans Comprendre
Le Voici le pain des anges X79-39

 

            Le Lauda Sion est une magnifique catéchèse sur l’eucharistie, écrite par Saint Thomas d'Aquin (1225-1274), docteur de l’Église, à la demande du Pape Urbain IV pour la Fête-Dieu, devenue le dimanche du Corps et du Sang du Christ. Cette séquence, à la fois poétique et dogmatique, est déclinée en 24 strophes de 3 vers rimés, puis pour les dernières, 4, puis 5 vers. Elle contient toute la doctrine de l’Eucharistie, instituée au dernier repas et vrai pain de vie, insistant sur la présence réelle sous les deux espèces.

            Le chant qui nous occupe n’a retenu que les 4 dernières strophes. Les 21 et 22 rappellent que Dieu a toujours accompagné son peuple pour le nourrir et le fortifier sur la route de l’existence. Les 23 et 24 quittent le ton de la catéchèse pour devenir une prière s’adressant à Jésus, lui demandant de nous conduire au banquet céleste.

            Il ne faut pas chercher de similitude pour cette nouvelle musique avec le chant grégorien que beaucoup ont encore en tête, du moins partiellement. Le mode choisi n’est pas le même : mode de ré, au lieu du mode de sol originel. Le style choisi se rapproche plutôt d’un choral et l’harmonisation le confirme, avec des accords qui installent une tonalité classique de Mi mineur.

            Par contre trois éléments sont inspirés du grégorien.

  • Dans le Lauda Sion, les strophes sont groupées par deux sur la même musique, il y a donc 12 musiques différentes mais finissant toutes sur la même formule mélodique. L’idée a été gardée en partie : les strophes 1 et 2 sont sous la même musique, et les strophes 3 et 4 sont en fait identiques à deux variantes rythmiques  près, nécessitées par la prosodie. Mais les finales ne sont pas semblables.

 

  • La rythmique ternaire est semblable à celle du Lauda Sion, avec des phrases bâties sur 4 pulsations. Le grégorien ne comporte jamais ni d’indication de mesure, ni de barres de mesures, mais la symétrie des phrases sur 4 pulsations est bien perceptible. L’auteur ici a gardé la structure des 4 mesures par phrase. Bien qu’il y ait indiqué une mesure à 3/4, on sera plus à l’aise en dirigeant avec un battement par mesure, sans chanter trop vite pour autant.

 

  • Seul le « Amen » final a été conservé, et on peut regretter que l’alleluia ait été coupé. Est-ce pour proposer ce chant en tous temps liturgiques ? Rien n’empêche de l’ajouter.

 

            La mélodie ne comporte pas de difficultés. Elle se suffit à elle-même et peut être exécutée dans un bel unisson. Si le mi est difficile à atteindre dans certaines chorales, rien n’empêche de transposer un ton plus bas, en ré. L’accompagnement qui apporte des couleurs intéressantes nécessite  un bon organiste.

 

Isabelle Schiffmann, musicologue, diocèse de Besançon.

 

Le voici, le pain des anges, texte : AELF / Musique : G. Normand et V. Le Guen

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