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Sans avoir vu I 168

Sans avoir vu I 168

Publié le dans Se former

Du répertoire grégorien qui a accompagné l’Église pendant des siècles, il reste quelques hymnes ou séquences gravées dans les mémoires comme Lauda Sion, Pange lingua - Tantum ergo, Veni Creator et… Victimae paschali laudes pour le jour de Pâques. Malheureusement le fil de la transmission s’est coupé après les années 70, non pas à cause du concile qui rappelait que le grégorien était le chant de l’Eglise par excellence, mais sans doute à cause du contexte de modernité et de créativité de l’époque. Il est bien triste d’en être réduit à lire ces magnifiques poèmes que le missel actuel a conservés.

            C’est tout à l’honneur de Louis Groslambert d’avoir été parmi les premiers à tenter de créer un équivalent en français en reprenant l’incipit que tout le monde a dans l’oreille, et plusieurs tournures mélodiques de la séquence grégorienne.

            Le texte n’est pas une traduction de la séquence qui évoque le combat entre la vie et la mort et le témoignage de Marie-Madeleine. Les trois couplets affirment notre foi en la résurrection avec un « nous » collectif et ecclésial, et, par petites touches, font résonner les évangiles du temps pascal : le message de l’ange au tombeau, Thomas qui veut voir, l’accomplissement des écritures, le coeur brûlant des disciples d’Emmaüs, et l’espérance dans la résurrection finale à la suite du Christ. Ainsi ce chant sera bienvenu non seulement le jour de Pâques mais pendant tout le temps pascal, en entrée, en réponse à la parole, ou en hymne après la communion.

            La musique est bien charpentée. La partition propose une alternance choeur - assemblée tout à fait judicieuse. Mais l’usage a montré que l’assemblée peut aussi s’emparer de l’ensemble sans grande difficulté. La première phrase est acquise d’avance avec l’incipit grégorien. La deuxième reprend le même air dans l’aigu. La troisième phrase confirme le do # qui déplace le centre de gravité du mi au si. Cette note permet de confirmer le mode de ré sous-entendu dans l’original, appelé parfois mode de la joie. Les alleluia sont une belle trouvaille pour susciter la participation de l’assemblée, suivis de la reprise de la phrase centrale sur une conclusion mélodique tout à fait naturelle.

            La partition en Mi est un peu haute pour une assemblée, et on la trouve transcrite en Ré dans plusieurs recueils. Les organistes auront plaisir à faire entendre des pièces du répertoire qui ne manquent pas sur ce thème.

 

Isabelle Schiffmann, musicologue, diocèse de Besançon

 

Partition disponible sur le site du Secli

Enregistrement extrait du Voix nouvelles n°53